Si Chagny était un village à vocation agricole, il a aussi connu une activité industrielle comme en témoigne la présence des lieux-dits La Forge et Les Prés de la Forge, le long du ruisseau de Bairon en direction de Louvergny.
On trouve mention en 1536 d’un maître de forges, Benoît Favereau. Le minerai de fer assez pauvre est extrait des forêts à proximité.
LES CLOUTIERS, LES FABRICANTS DE FAUSSES MAILLES
On fabrique des clous et des fausses mailles (pour raccorder les chaînes cassées) surtout pendant l’hiver quand les champs sont au repos. Entre les deux guerres, M. Rousseaux, grand-père de Mme Jacqueline Henriet, vendait chaînes et fausses mailles jusqu’à Soissons, long voyage qu’il effectuait avec sa femme au volant de la voiture. Ils s’arrêtaient toujours dans la même auberge.
Cette activité s’arrêtera à la guerre de 40. Les deux derniers cloutiers vendaient leurs fausses mailles aux cultivateurs de la vallée de l’Aisne.
Quelques spécimens fabriqués à Chagny. Des clous forgés, des fausses mailles...
Coll. Dany et Marie-Annick Allary
LES VANNIERS
Chagny a connu une activité importante autour de la vannerie. En 1920, 25 vanniers exercent leur activité, ils ne seront plus que 3 en 1956. Les deux derniers vanniers, Louis et Émile Henriet, sont spécialisés dans la fabrication de vannerie à usage industriel à destination des sites industriels de la Vallée de la Meuse (Haybes, Monthermé), de Vrigne-aux-Bois, de Vivier-au-Court. Les paniers sont rectangulaires. La mémoire de Jacqueline, fille d’Émile, leur donne une taille d’un bon mètre de long pour une hauteur d’une quarantaine de centimètres. Ils n’ont pas de couvercle. Il faut compter une heure de travail par panier. Des camions viennent en prendre livraison, 350 à 400 de ces pièces sont empilés sur ces camions. Leur osier est cultivé dans les zones humides près de la gare, mais la production étant insuffisante, ils en achètent à Germont ou à Buzancy. Ce travail n’étant pas d’un gros rapport, Émile se fait coiffeur occasionnel pour les habitants de Chagny et des environs…
L'atelier du vannier
L'atelier de Monsieur Henriet, éclairé par une large baie, est chauffé par un poêle en hiver. Pas de chaises, le vannier travaille à terre sur une planche inclinée sur laquelle est posé un coussin de caoutchouc mousse recouvert de cuir. Adossé au mur et les jambes tendues, il tresse les brins rendus flexibles par un récent séjour dans l'eau.
L'osier
Il est cultivé dans une prairie près du ruisseau de la gare. La plantation est pénible, il faut bêcher la terre avant le repiquage de l'osier. Les rayons (les lignes de plantation) sont espacés de 20 cm, et entre chaque bouture, on laisse une quinzaine de centimètres. Il est coupé tous les ans en février/mars tout le temps de la vie de l'oseraie, soit une cinquantaine d'années, à l'aide d'un serpillon, sorte de faucille, et réuni en bottes que l'on met à sécher.
Avant de les utiliser, le vannier les met dans une mare, la trempe, pendant une quinzaine de jours. Pour la fabrication de la vannerie à usage industriel, les tiges sont utilisées avec leur écorce.
De la vannerie à usage familial, fabriqués par Émile Henriet
D'après les écrits d'Anne-Marie Henry et du témoignage de Jacqueline Henriet.