Le Moulin Charbonneaux, situé au cœur du village
Photo de droite :
Le Moulin de la Tranchée, situé à l’extérieur du village entre Justine et Herbigny
Détruit à la fin de la dernière guerre par un incendie, il a été reconstruit, mais n’a servi que peu de temps.
Dans l'histoire de l'Abbaye de Signy, il est déjà fait mention d'un moulin à Justine en 1222.
Il subsiste pour les deux communes qui nous intéressent, le moulin de la Tranchée, entre Justine et Herbigny, et dans le village de Justine, le moulin Charbonneaux., tous les deux étant des
moulins à céréales.
Le moulin Charbonneaux est propriété de cette famille depuis 1791, il avait été acquis comme bien national provenant du Chapître de Reims. Sur le papier à en-tête datant de 1922, il est écrit :
Moulins de Justine (Ardennes) Tél.1 MOUTURE FRANCAISE PAR CYLINDRES PERFECTIONNES. Il ferma définitivement en Août 1969.
D’après une enquête de 1879 (Archives de la DDE)
Noms |
Nombre de paires |
Volume des eaux |
Chute en eau |
Nature des moteurs |
Chevaux-Vapeur
|
|
|
de meules |
motrices en m3 |
ordinaire |
hydrauliques |
Force brute |
Force utilisée |
Moulin de la Tranchée |
2 |
0,290 |
3,10 |
Roue en dessus |
12 |
7 |
Moulin de Justine |
3 |
0,500 |
2,40 |
Roue en dessus |
16 |
11 |
D'après « Terres Ardennaises » n°5: « d'une longueur d'environ 45 km, la Vaux faisait tourner en 1879, 10 moulins et 7 filatures concentrées pour la majorité à Signy l'Abbaye.»
« Les Moulins de la Vaux n'étaient pas équipés de roues en dessous au rendement le plus faible (l'eau passe en dessous de la roue qui tourne sous le choc du courant), mais de roues à augets en dessus. La roue à augets en dessus reçoit l'eau guidée par un coursier au dessus d'elle, c'est le poids de l'eau qui la fait tourner : aussi a-t-on construit à la place des aubes, des petites auges ou augets pour retenir l'eau. »
Les retenues sur la Vaux qu'impliquait la construction des moulins n'allaient pas sans générer des problèmes. Ainsi « A Herbigny, en 1862, on proteste contre la retenue du moulin (de Wasigny), trop haute, qui cause de l'humidité aux prairies. »
Les pêcheurs aussi protestent. « Les communes et les particuliers ne goûtent pas toujours, eux non plus, les charmes de l'industrialisation de la Vaux. Les pêcheurs en particulier se plaignent, obligeant dans les années 1930/1935 à faire poser : « des échelles à poissons avec petits réservoirs à ciment qui permettraient la remontée du poisson », « un grillage fixe à écartement de 10 mm en avant du récepteur hydraulique pour empêcher le poisson d'être entraîné dans les appareils et y être détruit », et mettre «un même grillage à quelques mètres de la chute pour empêcher le poisson qui remonte pour frayer de venir sauter contre le récepteur hydraulique »
Traditionnellement, les meules étaient en pierre, mais elles devaient être régulièrement «rhabillées» 3 à 4 fois par an. Il s'agissait de leur rendre du mordant.
Vers la fin du 19ème siècle, elles ont été remplacées dans les deux moulins par des cylindres qui donnaient, paraît-il, une farine de meilleure qualité.
Anecdote : pendant l'occupation allemande de la dernière guerre, Monsieur Charbonneaux continuait à moudre du blé pour les habitants du village et des villages avoisinants malgré l'interdiction de l'occupant. Ainsi des habitantes de Sery se souviennent de leurs périples nocturnes : elles transportaient les sacs de blé la nuit avec des brouettes, dont les roues cerclées de métal faisaient résonner les cailloux dans le silence, augmentant ainsi la crainte d'être repérés par l'ennemi. Mais le besoin de se nourrir transcendait leur peur.
Pour les moulins de la Vaux, nous nous sommes aidées du Terres Ardennaises n°5 de janvier 1984