Moyen-Age : l'Homme invente la haie.
Au Moyen-Age, les besoins de mise en culture et en pâture des terres ont nécessité d'importants défrichements. La haie, relique d'anciennes forêts, délimite alors les parcelles et contient le bétail.
« Au IXème siècle, commence le lent défrichement de la « Teracia sylva », la Thiérache. Dans ce pays argileux, de terrains lourds, d'eau et d'herbe, la mise en valeur agricole ne commence
vraiment qu'au XIIème siècle. L'enclôture apparaît avec ses haies liées à l'individualisation des troupeaux. Dès le XIVème siècle, les paysans développent les herbages sur les terres froides
qu'ils jugent mieux adaptées à l'herbe. Ils enclosent leurs pâturages de petites haies vives plus solides que des palissades de bois afin d'isoler vaches, veaux, génisses et bœufs. »
Extrait du Guide « Pays Côté Chemin - La Thiérache »
Création de l'Homme, la haie trouve rapidement sa place dans les écosystèmes et prouve au fil des siècles son utilité pour l'harmonie des paysages.
Vingtième siècle : l'Homme assassine la haie
Les hommes jugent maintenant les parcelles encloses trop petites pour les nouveaux engins agricoles et accusent les haies de faire baisser leurs rendements.
Le maillage de haies, plusieurs fois centenaires, est, en peu de temps, déraciné, arraché, brûlé, déchiqueté, broyé...
Ici, arrachage de haie dans le Rethélois.
La haie remplit de multiples fonctions.
C'est ainsi que de depuis quelques années, la haie retrouve ses lettres de noblesse grâce à la volonté de chercheurs, de naturalistes, d'agriculteurs, de paysagistes ... Des politiques territoriales encouragent parfois sa réimplantation au moyen d'aides financières.
Une haie plessée
« Autour des champs, autour des prés, repérer tous les jeunes arbres susceptibles de rejeter, en planter là où il n'y en a pas et puis les recéper, les rabattre pas tout à fait à ras de terre
mais assez bas cependant pour pouvoir utiliser leurs rejets. Des jeunes brins issus de ces piquets vivants, des branches nouvelles de ces mini-têtards, il suffit alors de faire naître la haie.
Surveiller leur croissance et lentement, délicatement, les mêler, les entrecroiser, les tresser, les « plesser » : peu à peu, du dense réseau de leurs rameaux couchés surgit alors la
clôture.
Une parure de bois mort posée à contresens là où elle n'est pas complète et les animaux ne la traverseront plus. Un brin de ronce pour les fruits, d'aubépine pour les fleurs et l'esthétique
rejoindra la technique. Il suffira ensuite de renouveler régulièrement l'opération pour entretenir la haie plessée ou pour en obtenir une nouvelle. »
Extrait de Le Charme. JF Clémence et F Péron. Ed.Actes Sud.
S'il s'agit d'une haie nouvelle, en attendant sa pousse, vous pouvez créer une barrière de bois mort, qui ne vous coûtera qu'un peu d'énergie. Les arbustes pourront être plantés de part et d'autre de ce « plessis » provisoire.
Une haie diversifiée
(A ne pas confondre avec la plantation des monotones thuyas !)
Son utilité première sera peut-être de vous protéger des regards inquisiteurs des passants trop curieux, de vous faire profiter pleinement du jardin, à l'abri des courants d'air, et des coups de soleil ! Quel plaisir aussi de cueillir par-ci, par là, une framboise, des groseilles, des noisettes, et autres gourmandises ! Dès le printemps, refuge idéal, les oiseaux la coloniseront, vous débarrassant des pucerons, des chenilles, etc, vous récompensant ainsi de les nourrir l'hiver.
Que planter ? On choisira de préférence des essences locales : houx, lierre, noisetier, prunellier, sureau noir, genêt à balai, cornouiller sanguin, fusain d'Europe, viorne obier, viorne lantane,
charme, troène d'Europe, chèvrefeuille des bois, hêtre, frêne...
Si l'on a pris soin d'incorporer des buissons d'ornement, « à fleurs », tels les forsythias, seringats, groseilliers, weigelias, la haie mettra une note de couleurs dans votre environnement. Elle
attirera aussi les insectes pollinisateurs.
Les branches taillées trouveront de multiples utilités.
Si vous ne leur trouvez pas une utilité immédiate, déchiquetez-les dans un broyeur à végétaux.
Voici la même haie photographiée à l'automne et en hiver :
Automne :
on remarque combien la densité de la ramure préserve l'intimité des propriétaires.
Hiver :
photo prise un jour de neige, et qui laisse supposer que le bois coupé servira à chauffer la maison.... l'hiver prochain.