Les villages de Renneville et Fraillicourt sont situés à l'extrémité Sud-Ouest du périmètre d'étude de l'association des Granges.
Un peu d'histoire... et de géographie...
Distants seulement de deux kilomètres, ils offrent l'un et l'autre, à partir de leurs églises fortifiées, un vaste panorama sur les villages eux-mêmes et sur la vallée de la Malacquise. On y trouve un bâti mixte pans de bois, typique du Porcien, et construction de briques, plus spécifique à la Thiérache.
C'est un vieux pays de frontière, exposé plus longtemps que tout autre aux incursions des Espagnols et des bandes de partisans hollandais. Bien au-delà de la Guerre de Cent Ans, du XVIème siècle
et des guerres de religion, pendant la Fronde surtout, il fallut y résister aux passages des troupes, aux courses des pillards. A la moindre alerte, les habitants, ainsi que les animaux, devaient
se réfugier et de défendre dans la tour de leur église transformée en forteresse. Tout était prévu pour y séjourner (puits, feu à l'âtre...)
Ces églises dominent la vallée de la Malacquise.
Un aperçu des fortifications de l'église de Fraillicourt
La Malacquise :
Autrefois, cette rivière s'appelait le Hurtaut, du nom de la propriété où elle prenait sa source, non loin de Maranwez. Cette propriété appartenait à l'Abbaye de Signy qui avait créé là au bord
de l'eau une forge dont les marteaux heurtaient le métal, d'où « Hurtaut ».
Or, à la Révolution Française, cette abbaye fut démantelée et ses biens, dont la ferme du Hurtaut, furent vendus comme biens nationaux. Cette ferme, les gens du pays l'appelèrent à partir de ce
moment « La Malacquise ». La rivière qui y prenait sa source prit également ce nom et l'a gardé jusqu'à maintenant dans les Ardennes. Par contre, après Renneville, donc dans l'Aisne, elle a
toujours continué à porter le nom de Hurtaut jusqu'à son confluent avec la Serre, à Montcornet.
De l'économie et du bâti :
Le nombre et la taille des granges sont révélateurs d'une importante et ancienne activité agricole : élevage, céréales, culture du lin et du chanvre.
Un manège à Fraillicourt
Lin et chanvre étaient tissés. Cet artisanat était source de revenus non négligeables comme en atteste cet extrait des Cahiers de Doléances :
« 22è Comme aussy le droit de mettre rouer le chanvre et le lin, étant préférable à la conservation de quelques mauvais poissons attendu que dans nombre d'endroit le commerce du chanvre et du lin fait la seul ressource des habitants. »
A ces productions traditionnelles, communes à la Thiérache et au Porcien, on peut ajouter le cidre, boisson rurale par excellence. Malheureusement, détrôné par bière et autres boissons alcoolisées, il a entraîné dans sa « chute » la disparition des vergers aux pommiers gigantesques.