Mais à Rocquigny, comme dans le village voisin de Mainbressy, un nom fit rêver : Jean Mermoz. Sa mère avait en effet acheté en 1933 une demeure du XVIIème siècle « Le Château », aujourd'hui dans un état de délabrement total.
« Le château de Rocquigny est une construction en briques bâtie sur plan carré, d'une simplicité un peu sévère. Ses hautes fenêtres, son toit en forte pente que dépassent orgueilleusement quatre belles cheminées lui confèrent une majesté certaine. On le classe du style Louis XIII.
Cette ancienne demeure seigneuriale est construite au milieu d'un parc jadis garni de beaux arbres et qu'agrémentaient des parterres bien tracés, prolongés par le jardin potager et le verger.
Le domaine s'étend sur plus de deux hectares. Il jouxte la route départementale et à l'ouest la grande place du village. C'est par cette place qu'on accédait à la demeure par une large allée bordée d'arbres. » Georges Drouzy.
Né en 1901 à Aubenton dans l'Aisne, d'un père aubergiste et d'une mère infirmière, il sera élevé à la séparation de ses parents, par ses grands parents à Mainbressy, dont il fréquentera l'école primaire. Ses études secondaires commencées à Hirson, puis à Aurillac lors de l'évacuation pendant la Première Guerre, se terminèrent à Paris.
A dix-huit ans, il s'engagea dans l'aviation, d'abord Le Bourget, puis Istres où il obtint son brevet de pilote. Pas découragé par les accidents et les décès de ses camarades pilotes, tellement fréquents dans les débuts de l'aviation, il décide d'y faire carrière, mais dans le civil.
En 1924, il est employé par la Compagnie Latécoère, ce sont les débuts de l'Aéropostale dont les premières lignes sont limitées aux échanges entre la France et le Maroc. puis s'étendent vers Dakar. En 1926, il sera même fait prisonnier par les Maures, lors d'une panne de son avion.
En 1927 va commencer l'aventure Sud Américaine : les « avisos » de la marine assurent la traversée postale de l'Atlantique, entre Dakar et Natal au Brésil, le courrier sera ensuite acheminé entre Natal, Rio de Janeiro et Buenos Aires par avion, Mermoz y sera chef-pilote. Pour gagner du temps, il créera les vols de nuit. Puis ce sera le Chili et la difficile traversée de la Cordillère des Andes.
1930 le verra traverser l'Atlantique Sud à bord d'un hydravion, puis essai d'un Paris - New-York infructueux, son parachute le sauvera de la mort. Il osera voler à bord de « L'arc en Ciel », un trimoteur révolutionnaire. Son courage et sa ténacité lui valurent les plus hautes récompenses, Officier, puis Commandeur de la Légion d'Honneur.
Il venait parfois poser son avion vers 1933 dans les champs de Mainbressy ou au Moulin à Vent, il emmenait alors ses anciens copains de classe faire un tour dans les nuages... Et les enfants, assis aux commandes de son avion resté au sol, rêvaient...
Le 7 décembre 1936, l'hydravion « Croix du Sud », lors de la traversée Dakar-Natal, émettra un dernier message « Coupons moteur arrière droit... ».
Et ce fut le silence.
Jean Mermoz entre dans la légende des pionniers de l'aviation.